LE BONHEUR DES CHATS
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J'aime la laine !

Les réponses de Sandrine à vos questions:

12/ Acheter ? Ou adopter?

Extrait du mail de Lucie, de Lyon: vous écrivez, (dans la page Câlins) qu'il ne faut pas acheter de chatons. Vous citez une raison. Quelles sont les autres? Et comment alors acquérir un chaton? Et êtes-vous "d'accord" pour l'achat de chats adultes?
Réponse de Sandrine: sur la page dont vous parlez, un lien est donné vers un argumentaire de One Voice, pour davantage d'infos. Mais bon, je vais quand même vous répondre en personne, car c'est un sujet qui a le don de me mobiliser aussitôt!
Si l'on aime les chats, il va de soi que l'on souhaite une vie décente pour tous les chats, pas seulement pour son chat à soi. Or à partir du moment où l'on achète un chaton (je parle de chaton simplement parce qu'un chat adulte est rarement proposé à l'achat) que ce soit à un particulier, à un éleveur, dans une animalerie ou dans le rayon animalerie d'un supermarché, on cautionne la misère animale.
Qelle est cette misère animale?
C'est la misère des chats, chiens et autres animaux de compagnie élevés de manière intensive, dans des entrepôts épouvantables. Nombre de ces animaux sont blessés, y meurent avant de pouvoir être commercialisés. S'ils sont trop visiblement malades ou ne correspondent pas aux critères de race ou de mode, ils sont tout bonnement tués, de manière souvent cruelle (la manière importe peu puisqu'ils ne sont considérés que comme des marchandises devant rapporter un maximum d'argent) . Tous ont bien entendu des problèmes psychologiques. La plupart des bébés animaux sont privés beaucoup trop tôt de leur mère: les femelles adultes servent à produire du chaton, du chiot; leurs conditions de vie sont lamentables. Les chatons risquent, achetés, triplement l'abandon: mauvaise santé physique, mauvaise santé mentale, propriétaires qui ont cru acquérir un objet (animal acheté en solde, à crédit, sur un coup de tête, animal-cadeau...) et se rendent un peu tardivement compte que cette peluche n'en était pas une. Que c'est vivant. Qu'un chaton, ça fait des "bêtises". Que le chaton, si vite devenu adulte (il peut se reproduire, en moyenne, dès 8 mois), n'est plus si rigolo.
La misère animale, c'est aussi les trafics: animaux transportés (en provenance, de plus en plus, des pays de l'est) dans des conditions atroces, animaux volés. Tous ces animaux, c'est ceux que l'occidental naïf se procure en animaleries, en supermarchés, parfois même chez certains éleveurs.
La misère animale, c'est tous ces animaux abandonnés, qui ne trouvent pas preneur car trop de gens choisissent d'acheter : ceux qui errent, sans plus aucun repère, en proie à mille dangers, ceux qui attendent des mois, parfois des années, dans un refuge surpeuplé, ceux qui finissent euthanasiés.
Acheter, où que ce soit, à qui que ce soit, c'est de toute façon encourager la reproduction intensive, alors que les refuges sont débordés.
Enfin, le particulier qui, "pour le plaisir", ou dans le but d'arrondir ses fins de mois, fait reproduire sa chatte, songe-t-il que la descendance d'un couple de chats peut s'élever à 12 680 individus en 5 ans (chiffre donné sur le site internet de la S.P.A.)? Que vont devenir ces milliers d'individus? Tous vont-ils avoir une existence heureuse? Certainement pas! Un grand nombre ne trouvera pas de foyer humain. Or la vie de chat errant, ou de chat en refuge animalier, n'est enviable en rien. (Conseil de lecture: Question/Réponse n°3) Par ailleurs, les chatons proposés par les particuliers ne sont en général ni vaccinés, ni testés afin de dépister certaines maladies, ni tatoués, alors que tout cela est désormais, de par un texte de loi, obligatoire.
Bref, si vous faites reproduire votre animal, vous participez à la misère animale. Si vous adopter le chaton d'un particulier qui s'adonne à la reproduction féline, vous l'encourager à éternellement continuer sur cette voie.
Si vous achetez, que ce soit à des animaleries, des éleveurs, des particuliers, vous venez grossir la demande, sans laquelle il n'y aurait pas l'offre. Cela revient à encourager ceux qui se servent des animaux comme d'une marchandise.
...Alors que, si vous souhaitez offrir votre affection à un animal, des milliers n'attendent que vous, dans les refuges des associations de protection animalière. Si vous tenez absolument à ce que ce soit un chaton ou un chat de race, suivant les périodes, les refuges en ont. Vous aurez à payer quelque chose, correspondant aux frais médicaux qui ont été dispensés à l'animal ou qui ainsi pourront être dispensés à d'autres congénères. Cela permet aux refuges de continuer à fonctionner. Cela leur permet aussi de s'assurer que les personnes qui veulent adopter ont bien les moyens financiers de prendre soin de l'animal.
Lire aussi la Question/Réponse n°25.

L'avis de Caroline, Paris: vous dites qu'acheter un animal, c'est injecter de l'argent dans un circuit malsain, et que l'adopter dans un refuge est un acte bon car il permet à tout coup de sauver un animal, par exemple de l'euthanasie.
Ce qui me gêne un peu dans cette position, c'est la question de la "qualité" du chat. Je n'aborderai pas la question des animaleries. Mais personnellement, lorsque je fais affaire avec un éleveur particulier, c'est souvent parce que je cherche un chat particulier. Je prends le temps de choisir un éleveur sérieux et fiable, et pour cela je le visite. Car il est vrai qu'il y a éleveur et éleveur. Ce qui m'intéresse dans le travail de l'éleveur, c'est la certitude de chatons en bonne santé, provenant de parents en bonne santé, ayant bénéficié de tous les soins préventifs dès leur naissance et sans lacune (vaccination, vermifuge, etc.) et de l'amour de maîtres attentionnés. Je m'assure ainsi que le chat a un "bon début dans la vie", qu'il ne subit pas de traumatisme qui puisse l'influencer négativement pendant toute son existence, qu'il est correctement sociabilisé.
En outre, je recherche aussi dans un chat de race (en l'occurrence le siamois) un caractère précis (un chat plus bavard, interactif, sensible, etc.). Je sais que l'éleveur particulier, dont c'est la passion, pratique une sélection tant physique (qui n'est pas tellement celle que je recherche, car je ne suis pas une chatterie et je ne cherche pas les expos) que psychologique et comportementale.
Malgré toutes les bonnes intentions, auxquelles j'adhère, dans le fait d'adopter un chat dans un refuge - et ma famille a le plus souvent eu recours à ce mode d'adoption - j'éprouve des réticences. Un chat provenant d'un refuge peut avoir subi un traumatisme qu'il gardera toute sa vie et qu'il est impossible de deviner même en l'examinant attentivement au refuge. Par exemple, une peur des enfants, etc. Il y a aussi parfois plus de mauvaises surprises au niveau de la santé, une coryza traînée par le chat, etc. Mes réticences se basent sur des expériences vécues. Voilà, ce que je veux dire, ce n'est pas que je recherche "le chat parfait", ni que je considère un chat comme un objet que l'on retourne au magasin s'il n'est pas sans défaut ou au premier "dysfonctionnement". Je dis simplement que l'adoption en refuge me semble faire courir plus de "risque" sur la "qualité" du compagnon que l'on va chercher et que cela me semble dommage. Car chez un chat, un traumatisme subi en début de vie me semble assez souvent difficile à combattre et durable. Il me semble qu'un chat provenant d'un élevage particulier apporte donc en quelque sorte une plus grande satisfaction vu ces petits défauts en moins. Je sais bien que vous dites que lorsqu'on aime les chats, c'est tous les chats, et que dès lors on veut leur bien à tous. Mais je doute que l'adoption d'un chat soit avant tout un acte de "sacrifice" pour les gens. Ils cherchent plutôt un contentement un peu égoïste, moi la première, en la présence de ce petit compagnon. On préfère donc assez logiquement adopter un chat qui a plus de chances d'être naturellement un "bon chat"... Je veux bien croire que par le biais de la thérapie comportementale, rien ne soit plus irréversible en termes de traumatismes ou autre, mais ce genre de thérapie ne me semble pas vraiment largement accessible à tous (en fait, je n'en avais jamais entendu parler avant de lire votre site !). A vrai dire, je ne demande qu'à me laisser convaincre par votre position !
Réponse de Sandrine: je suis vraiment heureuse que vous m'ayez fait part de vos pensées, car cela m'étonnait de n'avoir encore jamais eu de retour par rapport à ma position qui, il me semblait, pouvait choquer -ce que je ne recherche cependant pas. (C'est pour cela que j'annonce, avant la liste des Q/R, que certaines réponses ont un côté engagé.)
Sachez que je comprends tout à fait votre propre position.
Mon but est comme le vôtre, en premier lieu, égoïste: il s'agit de me faire plaisir -et en aucun cas de me sacrifier! Mais de par mon histoire personnelle, de par mon engagement également au sein d'associations de protection des animaux, la condition des animaux en attente d'adoption me paraît intolérable. Et je suis gênée, concernant un être vivant, par toute idée de sélection (qui implique notamment, et nécessairement, une élimination des mauvais sujets!!!), ainsi que par un choix assez unilatéral (dans un refuge, c'est l'animal qui choisit, le plus souvent). Je suis par ailleurs persuadée que tout être vivant se construit en relation avec un environnement et d'autres êtres vivants, et ceci tout au long de sa vie. Aussi, ce qui m'intéresse dans le fait d'accueillir un nouveau chat, ce qui à l'avance m'enthousiasme, c'est la relation qui va se construire entre nous, relation qui va dépendre autant du passé du chat que du mien, ainsi que de l'environnement et du mode de relation que je vais lui offrir. C'est cette aventure qui avant tout me fait plaisir. Et le fait d'observer un chat s'épanouir de semaines en semaines à mon contact m'emplit de joie et me valorise. Mais la réciproque est vraie: je prends également plaisir à constater en quoi tel chat va me permettre d'évoluer moi-même.
En ce qui concerne les trais de caractère, comme le côté bavard des Siamois, ils sont rarement figés. Par exemple, si l'on parle beaucoup à son chat, même à un chat dit de gouttière, réputé peu loquace, il devient assez souvent un chat bavard. De même, si l'on joue suffisamment avec lui, il a de bonnes chances de devenir un chat très interactif. A ce sujet, je vous propose de lire ce qu'en disent des vétérinaires; voir le lien vers un extrait du livre "Comportement du chat et ses troubles", en page Comprendre, Soigner.
Quant aux problèmes de comportement, c'est vrai que la démarche d'adoption n'est pas à envisager si on ne se sent pas d'attaque: il faut plusieurs mois de patience, en général. Mais ça peut être une histoire formidable dès le début -c'est en fait ce que j'ai presque toujours vécu. Et puis dans un refuge, la plupart de temps on vous donne des informations sur le caractère du chat et son histoire. Enfin, dans le refuge, vous voyez déjà comment se comportent les chats, entre eux et avec vous.
Personnellement, je connais des chats issus "d'éleveurs sérieux" qui pourtant présentent des troubles comportementaux.
Sur le sujet des personnes qui souhaitent un animal très doux "pour leurs enfants", je dirais que l'enfant doit justement apprendre à se construire en tenant compte de l'autre... qui n'est pas toujours, loin s'en faut, exclusivement doux.
Un autre plus contrasté permet davantage à l'enfant de développer un respect de l'autre ainsi que d'intégrer des limites.
Et quant aux problèmes de santé, les chats que j'ai adoptés en refuge n'en avaient pas, excepté pour une chatte, une pelade, d'origine nerveuse, qui a disparu en quelques mois.
Rappelons que la plupart des chats de races sont victimes de maladies justement liées à la race.
Le grand mérite de votre intervention est à mon avis de mettre l'accent sur quelques vérités importantes: la démarche d'adoption est radicalement différente de celle d'achat, et il faut bien en être conscient, et ce n'est pas parce qu'on préfère faire confiance à un éleveur, sérieux, et à une race, que l'on est quelqu'un d'irresponsable ou de "méchant"!
Ajout du 04/07/02, à propos des "traits de caractère": par définition, ils ne changent pas. Ainsi, un chat (ou un chien ou une biche ou un être humain...), de caractère "anxieux", toute sa vie aura tendance à réagir sur un mode anxieux. Néanmoins, selon les expériences qu'il connaîtra, ce trait de caractère pourra stagner, augmenter en intensité ou encore se manifester de plus en plus a minima. Inversement, tel chat "de nature sereine" pourra devenir un hyper-anxieux, suite à un choc émotionnel, à des conditions de vie insatisfaisantes ou encore à un problème de communication avec un proche (animal ou humain).

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