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Promenade avec un harnais / chat malheureux sans jardin?
Question
de Fabienne, Paris 18e: ma chatte est malheureuse
en appartement. Pensez-vous que si je la promenais de temps en temps dans
le jardin intérieur de mon immeuble, tenue par un harnais, elle
aurait davantage le moral?
Question de Monsieur D., Paris 13e: j'ai acheté
un harnais pour mon chat et compte l'emmener se promener dans un cimetière
proche de chez nous. Est-ce une bonne idée?
Question de Marie, Paris 15e, qui vient d'adopter pour la première
fois un chaton: un chat, c'est malheureux, en
appartement, non? J'espère déménager d'ici un an
pour emmener ma petite chatte vivre à la campagne. Qu'en pensez-vous?
Réponse: ayant
vécu 4 ans à la campagne, je peux vous répondre en
toute connaissance de cause.
1/ En ce qui concerne le bonheur d'un chat:
tout d'abord, il faut distinguer les chats qui n'ont jamais
eu accès à la liberté, des autres. Les premiers ne
pourront se sentir frustrés de quelque chose qu'ils n'ont jamais
connu. (Mais pourront déprimer, il est vrai, si rien n'est fait
pour rompre la monotonie de leur quotidien, si on ne leur offre pas suffisamment
de distractions).
D'autre part, je ne crois pas qu'il y ait de situation parfaite. La
campagne est loin d'être un paradis pour chats. Il est vrai
que nos chattes étaient plus heureuses à la campagne, mais
pas toujours heureuses, car souvent malades, souvent chez les vétérinaires,
et de temps en temps, terrorisées (la plus âgée, d'ailleurs,
a fini par refuser de sortir dans le jardin en notre absence). Quant à
nous, nous étions la plupart de temps très inquiets pour
elles.
Nous vivions dans l'Eure (de 1995 à 1999), et nous redoutions pour
nos chattes: les balles des chasseurs, les empoisonnements (notamment
par ingestion de produits anti-limaces, utilisés par la plupart
des jardiniers et responsables de la mort de nombreux chats), les voitures,
les autres chats (des voisins ou harets, agressifs ou malades), les guêpes
et autres insectes potentiellement dangereux, les fouines (!), la bêtise
des humains, les rapts d'animaux à destination de laboratoires,
les maladies, infections et parasites en tout genre: rhumes, bronchites,vers,
puces... sans compter les blessures de guerre dues à des barbelés
ou autres et les indigestions sévères de rongeurs. Une de
nos chattes est rentrée un jour gravement malade; peut-être
un empoisonnement; on n'a jamais su. Enfin, nous gardons un horrible souvenir
des vétos du coin, manifestement plus habilités à
soigner les bovins que "les chats des Parisiens" (une vétérinaire,
s'acharnant à piquer et repiquer en vain une de mes minettes, m'avait
expliqué que c'était difficile de trouver les veines d'un
chat, alors qu'elle n'avait pas de difficultés avec les vaches).
Ceci a l'air cauchemardesque, et effectivement, rien que d'y repenser,
j'en ai des frissons. En tout cas, je ne crains pas d'affirmer que l'un
d'entre eux, à force de mauvais traitements répétés
dictés par l'appât du gain, est directement responsable du
décès d'une de nos chattes: il nous affirmait que pour pratiquer
une prise de sang, une anesthésie générale était
nécessaire; il a ainsi fait subir en un mois, à une chatte
ayant un taux d'urée extrêmement élevé, 4 anesthésies;
la dernière lui a été fatale.
2/ En ce qui concerne le harnais: nous
l'avons testé, avec une de nos minettes. Heureusement que la catastrophe
s'est produite alors que nous étions encore dans l'enceinte de
notre immeuble: le chien d'un voisin est sorti de l'ascenseur et notre
chatte a eu tellement peur qu'elle est devenue "in-maîtrisable".
Et, à force de se tordre dans tous les sens, elle a réussi,
à notre grande stupeur, à se débarrasser de son harnais.
La moralité de cette histoire: chat qui panique,
a son harnais fait la nique. Ou encore: au harnais, jamais plus confiance
ne ferai.
3/ Conclusion:
peut-être vaut-il mieux cesser de se culpabiliser pour Minou, se
dire que les joies de la nature ont beaucoup d'inconvénients (d'ailleurs,
certains auteurs n'hésitent pas à carrément déconseiller
de laisser Minou vadrouiller en totale liberté, comme ceux du livre
"Un Chat pour
Les Nuls"), que le harnais n'est pas une panacée (outre
le fait qu'il n'offre pas la sécurité escomptée,
la plupart des matous ne prennent pas grand plaisir à déambuler
de la sorte). Et faire le maximum pour adapter l'espace de son appartement
aux besoins de son chat, et lui consacrer
un temps minimum quotidien... Voir la rubrique Chat
d'Appartement.
4/ Ajout concernant la balade dans un cimetière:
à Paris en tout cas, si les gardiens d'un cimetière vous
voient vous y introduire avec un chat, ils vont malheureusement vous obliger
à rebrousser chemin, par crainte que vous n'y abandonniez votre
animal, ou que celui-ci ne s'échappe ou/et ne fasse de dégâts
(excréments). Les cimetières grouillent en effet de matous
abandonnés. Les bénévoles de l'Ecole
du Chat ont su les faire tolérer des mairies (ce
qui n'a pas été facile!) et s'occupent de les stériliser,
soigner, nourrir.
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